
Il est 10 heures, ce samedi 7 juin 2025. Nous arrivons à la gare internationale d’Abobo, située sur la voie express au niveau du carrefour Anokoi. Cette gare, qui avait pourtant suscité beaucoup d’espoir et fait tant rêver, aussi bien les transporteurs Ce qui suscite, de prime abord, l’étonnement, c’est que l’enseigne portant le nom de la gare, située à l’entrée principale, n’y est plus. La situation à l’intérieur de l’établissement est encore plus désastreuse.
La gare dans un état de délabrement avancé
La cour est recouverte à plusieurs endroits de nombreuses ordures. Au nombre desquelles l’on peut citer des sachets et des bouteilles d'eau, des morceaux de papier hygiénique, des verres à café jetables, des morceaux de carton et de papier, des peaux de mangue, d’orange, de papaye et d’autres fruits, des sachets de pâtes alimentaires, etc. L'aspect de certaines ordures laisse penser que le site n’a pas reçu de coup de balai depuis des lustres. On aperçoit également sur le sol, des vêtements déchirés. À proximité d'un hangar, l’on voit un amas de bouteilles de bière jetables et un sac contenant d'autres objets. Certaines de ces bouteilles sont brisées. Leurs tessons traînent à proximité. Ils représentent un réel danger pour les nombreux enfants qui flânent sur le site.
Des tables abîmées traînent à proximité de certains hangars. « L’état dans lequel se trouve la gare est déshonorant et déplorable. C’est la résultante d’un manque d’entretien. Je continue de venir ici car la compagnie que j’y emprunte va directement à Prikro, mon village », explique Koffi Moïse, chauffeur. Auxiliaire de pharmacie, Sam, qui fait la même constatation, continue de fréquenter la gare, parce que la compagnie qu’elle y emprunte pour se rendre au Burkina Faso, est réglo et ponctuelle. Muni d’une brouette, un enfant d’environ 12 ans, vêtu d’une culotte et d’un tricot bleu, passe chez les vendeurs, ramasse les ordures de ceux qui le souhaitent, moyennant 50 F cfa. Le bambin part les jeter non loin d’un poteau électrique, où sont amoncelées d’autres ordures. Visiblement, l’adolescent trouve du plaisir à faire ce boulot. De temps à autre, l’on voit passer des commerçants ambulants de maïs préparé, d’eau glacée, et autres, ainsi que des opérateurs économiques qui viennent présenter leurs produits et services aux voyageurs. Deux opératrices d’une compagnie de téléphonie mobile ont installé des codes « QR » sur les téléphones de certains de leurs clients.
Certains hangars sont hors d'usage
Construits pour abriter les voyageurs, certains hangars n'existent plus que de nom. En effet, ils sont totalement affaissés. Leurs quatre piliers ne tiennent plus. D’autres hangars ne tiennent que sur trois piliers. La toiture de certains est totalement ou en partie dégradée. Conséquences : les usagers des cars les abandonnent pour s'installer sous ceux qui sont en bon état. La nature ayant horreur du vide, des commerçants ambulants occupent ces hangars en piteux état. Au nombre de ceux-ci, l’on retrouve des vendeurs de téléphones portables et leurs accessoires. Assis ou couchés sur des sièges métalliques ou à même le sol, ils attendent les clients, en veillant scrupuleusement sur leurs marchandises mises dans des brouettes.
Ils occupent tout l'espace sans la moindre gêne. D’autres commerçants ont plutôt décidé de s’installer sous des hangars en bon état. Il s’agit généralement de vendeuses d'eau, de limonades et diverses friandises que les voyageurs achètent pour les consommer au cours de leurs déplacements. Comme si cela ne suffisait pas, un babyfoot a été installé sous un hangar en bon état, situé à côté d’un car d’une compagnie de transport. On y voit des jeunes garçons qui jouent tout joyeux en se lançant des défis. À quelques pas de là, un couple d’amoureux passe du bon temps à l’ombre d’un hangar. L’homme est allongé sur les jambes de sa dulcinée qui est assise sur un siège. Elle casse des boutons au visage de ce dernier. Ils causent et rient aux éclats. Couché de tout son long sur un siège non loin de là, un homme qui a l’air très fatigué, dort en ronflant. Des enfants passent, le regardent, se font des signes et partent en riant.
Des nids-depoule remplis d’eau puante
C’est dans cette ambiance qu’un agent d’une compagnie invite via un micro et dont la voie retentit dans un hautparleur, le départ pour une destination de l’intérieur du pays. Les voyageurs s’apprêtent pour la montée à bord du car qui est stationné non loin d’un nid-de-poule rempli d’eau. En effet, une bonne partie du bitume partant de cet endroit pour relier une autre gare voisine a disparu, créant ainsi de véritables nidsde-poule. Ils sont remplis d’eaux de pluies tombées récemment.
La présence de l’eau a fait apparaitre de la boue par endroits. Une situation qui déteint négativement sur l'image de marque de ces différentes gares. C’est le même décor qui prévaut à la devanture des autres compagnies. À cause de la présence de l'eau, les conducteurs de cars prennent de nombreuses précautions quand ils entrent en gare ou en sortent. Des morceaux de briques ont été placés par endroits pour éviter que les passagers ne se salissent. Une partie de la gare est transformée en garage. Lors de notre passage, l’on voyait des mécaniciens réparer deux cars d’une compagnie dont l’un à proximité d’un hangar et l’autre un peu plus loin. Comme on peut le constater, en treize années d’activités, la Sogegar est dans un état qui laisse à désirer. Il urge d’agir au plus vite pour éviter qu’elle ne sombre dans le chaos total.