Jeudi 16 novembre 2023, il est environ 11h quand nous faisons notre entrée dans le supermarché Auchan de Bingerville, situé au quartier Nouvelle gare. Nous demandons à un rayonniste où nous pouvons trouver du sucre.
Des rayons vides dans des supermarchés
Il nous répond qu’il n’y a pas de sucre actuellement tout en nous indiquant le rayon où est entreposé habituellement le sucre. Un tour à ce rayon et nous constatons que les étagères sont vides avec des étiquettes. Au fond du magasin, se trouvent deux lots de sac de sucre en poudre (blanc et roux). A la rayonniste postée là nous demandons si ce stock de sucre est destiné à la vente. Elle nous informe que ce sera exposé et disponible dans l’après-midi. Juste à côté, une dame, qui n’en peut plus de chercher du sucre à acheter, s’emploie à rassurer au téléphone, son interlocuteur qu’elle pourra livrer ce jour-là même l’important stock de lait caillé qui lui a été commandé. Elle informe son interlocuteur qu’elle se trouve dans un supermarché qui promet de rendre disponible le sucre dans quelques heures. « On ne peut pas faire ça sans sucre », dit-elle. Sur ces mots, nous nous retirons du supermarché après une trentaine de minutes.
Cap est mis sur le supermarché Bon Prix situé à moins de 500 mètres du premier, que nous avons visité. Nous abordons un rayonniste pour qu’il nous indique le rayon où se trouve du sucre. D’un air dépité, il nous apprend qu’il n’y a pas de sucre. Nous lui demandons quand le magasin sera approvisionnement. Il nous répond que l’enseigne pourrait recevoir dans l’après-midi une certaine quantité de sucre, mais ne peut pas vraiment rien promettre.
Pas plus de 2 paquets par client
Vous avez droit à 2 paquets de sucre par personne avec un article d’au moins 500F CFA. Merci !
Le lendemain, vendredi 17 novembre, nous nous rendons à nouveau au supermarché Auchan, pour constater l’approvisionnement en sucre prévu. Mais toujours le même constat : les étagères toujours sont vides. L’un des responsables assure que le magasin a été effectivement approvisionné en sucre la veille, dans l’après-midi. Evidemment, ils ont été arrachés comme de petits pains par les consommateurs. Sur l’étal, il est affiché une consigne : « Vous avez droit à 2 paquets de sucre par personne avec un article d’au moins 500F CFA. Merci ! ». Nonobstant l’absence de sucre, les prix sont tout de même marqués sur les étals. Les sachets d’un kilogramme sont à 725F CFA, 775F CFA et 890F CFA. Samedi 18 dernier, nous visitons le supermarché Sococé situé dans le quartier Palmeraie, toujours à Bingerville. Toujours pas de sucre.
Dans des boutiques de quartier, le constat est pratiquement le même. Sur les six que nous avons parcourues, nous avons entendu le même refrain dans quatre boutiques : pas de sucre. Dans les deux autres, le sucre roux d’un kg est proposé entre 1200 FCFA et 1500 FCFA et le sucre blanc granulé à 1500 FCFA.
Le gouvernement rassure
Face à cette situation préjudiciable aux populations et particulièrement à ceux dont l’activité commerciale nécessite du sucre, le ministre du Commerce et de l’Industrie, Souleymane Diarrassouba, promet un retour à la normale. Dans un communiqué en date du 16 novembre 2023, il informe que « la campagne sucrière a été lancée depuis le 22 octobre 2023, avec une prévision de production de plus de 22 900 tonnes de sucre pour le mois de novembre 2023, auxquelles s’ajoute l’importation de plus de 13 500 tonnes de sucre. Ainsi, c’est au total plus de 36 000 tonnes de sucre qui sont disponibles au cours de ce mois de novembre 2023 pour couvrir les besoins de 27 000 tonnes des populations ».
Un industriel dénonce les augmentations du prix
L’industriel Sucaf-CI informe qu’il a approvisionné le marché national, d’environ 6000 tonnes de sucre au début du mois de novembre. Dans un communiqué publié le lundi 13 novembre 2023, il met en garde ses distributeurs contre toute augmentation de prix sur le marché. « Alors que certains distributeurs opèrent dans le respect des prix plafonnés, il nous revient, de façon récurrente que certains acteurs de la distribution, dont certains de nos clients, s’adonneraient à la rétention de stocks et à des pratiques spéculatives sur les tarifs du sucre, conduisant à une hausse injustifiée des prix de vente aux ménages. Ces agissements constituent un frein à notre mission commune d’approvisionnement régulier en quantité et en qualité du marché en sucre, dans le respect des tarifs définis par le gouvernement. Dans le cas où ces faits seront avérés Sucaf-CI se verrait dans l’obligation de prendre des mesures pouvant aller jusqu’à la cessation de notre collaboration », martèle-t-il.
Bema Bakayoko
