
Dans une déclaration rendue publique par le Comité pour le Dialogue et la Sauvegarde des Intérêts du PDCI-RDA (CDSI), dont copie nous est parvenue, mardi 3 juin 2025, des militants de la diaspora sonnent l’alarme et appellent à une mobilisation générale pour éviter le naufrage du parti.
Pour les signataires, en effet, la situation est critique : « Notre parti, né pour conquérir et exercer le pouvoir d’État, se retrouve otage d’intérêts individuels, de calculs personnels et de manœuvres internes qui le détournent de son essence », peut-on lire dans le document. Le ton est grave, presque désespéré, mais il se veut aussi résolument tourné vers une issue : le retour au dialogue et à l’unité.
Entre héritage et péril
Les auteurs de la déclaration rappellent l’histoire de résilience du PDCI-RDA : des luttes coloniales à la traversée des années de coup d’État et d’opposition, le parti a toujours su se relever. Mais aujourd’hui, c’est une autre menace, plus insidieuse, qui le ronge : la désunion interne. Certains cadres, dénoncent-ils, auraient tourné le dos aux valeurs cardinales du parti — dialogue, fraternité, solidarité, paix — plongeant la maison verte dans un état de paralysie préoccupant.
À quelques mois de la présidentielle, le PDCI-RDA, affaibli par ses divisions, peine à s’organiser autour d’un leadership consensuel. Pour le CDSI, il est impensable que le parti soit absent du scrutin présidentiel : « Le PDCI-RDA ne peut se permettre une absence à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Ce serait une trahison historique ». C’est dans cet esprit qu’ils soutiennent l’appel récurrent du ministre Jean-Louis Billon en faveur d’un retour au respect des textes, des valeurs et d’un processus inclusif pour désigner un candidat.
Un appel à la majorité silencieuse
Le texte interpelle particulièrement cette « majorité silencieuse » qui assiste en spectatrice à l’effritement du parti. À elle, le comité demande de sortir de sa réserve et de prendre ses responsabilités. « L’histoire nous jugera », préviennent-ils. Car, il ne s’agit plus de querelles internes, mais bien de la survie même du PDCIRDA, et par extension, de l’équilibre démocratique du pays. Alors que le RHDP réorganise ses rangs et que l’opposition tente tant bien que mal de s’aligner, le plus vieux parti politique de Côte d’Ivoire risque de rater un rendez-vous décisif avec l’histoire. La diaspora, dans cet appel vibrant, rappelle que le PDCI-RDA n’appartient à aucun homme, mais à la Nation. Le choix est désormais clair : ou les militants décident de sauver leur parti en plaçant l’intérêt collectif au-dessus des ambitions personnelles, ou ils devront porter la responsabilité d’avoir laissé sombrer un pilier de la République.
Yacouba DOUMBIA