
Anicet Ekane avait été interpellé le 24 octobre 2025 à Douala et était, depuis, en détention dans les cellules du secrétariat d'État à la Défense à Yaoundé. Selon ses avocats, la santé d'Anicet Ekane s'est dégradée tout le week-end, malgré les soins auxquels il était soumis à la garnison militaire. Dimanche 30 novembre, le Manidem, inquiet de cette dégradation prononcée, a appelé dans un communiqué à son transfèrement de toute urgence dans une autre formation hospitalière, pour un suivi médical qu'il espérait plus « adapté et approprié ». Le même communiqué, sur un ton prémonitoire, annonçait que le parti « tiendrait le régime de Yaoundé responsable des conséquences du refus de ce transfèrement ». Anicet Ekane est décédé en détention, 38 jours après son interpellation à Douala, au lendemain de l'élection présidentielle.
Selon RFI, l'annonce de sa mort suscite déjà une grosse émotion. Certains médias locaux ont interrompu leurs programmes pour faire des directs sur cette annonce et dans les réseaux sociaux. C'est une cascade de lamentations et d'hommages qui lui sont déjà rendus. Il faut dire qu'Anicet Ekane est une figure de premier ordre de la scène politique camerounaise, avec près de 50 ans dédiés à la lutte politique.
Il est de la génération des tout premiers leaders du tout début de la décennie 1990 qui avaient poussé pour un retour au multipartisme et pour la tenue, au Cameroun, d'une conférence nationale souveraine qui n'a jamais eu lieu. Il avait d'ailleurs été arrêté, jugé et condamné en février 1990 par le tribunal militaire pour activités subversives. Anicet Ekane est l’un des héritiers politiques des héros nationalistes camerounais, Ruben Um Nyobe, Félix-Roland Moumié ou encore Ernest Ouandié, dont il rappelait souvent qu'il avait assisté comme témoin à son exécution publique à Bafoussam en 1983.
Fondateur du Manidem, il a été plusieurs fois candidat à l'élection présidentielle et s'est souvent distingué pour la défense des causes sociales ou des démunis.
Bema Bakayoko