Politique

Usé par des luttes sans succès : GBAGBO comme un vieux lion sans croc

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Décidé à engager un bras de fer avec Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo multiplie les tentatives de racoler des citoyens dont il entend se servir comme d’une perche pour accéder au pouvoir. Sa dernière trouvaille : un appel au rassemblement de prétendus frustrés de la gestion du pouvoir par Ouattara.

À peine quelques jours après les propos guerriers qu’il a proférés lors du meeting qu’il a animé le samedi 7 juin 2025 à Port-Bouët, l’ancien chef de l’État remet le couvert en lançant un appel à tous ceux qui sont, selon lui, fâchés contre la conduite du pays par Alassane Ouattara. Et cela, via une lettre ouverte. À travers cet appel façon Karl Max (« Frustrés du pouvoir Ouattara, unissez-vous ! »), il espère rallier à son combat, pour la reconquête du pouvoir, tous ceux qui auraient une dent contre le président de la République et leader du RHDP. Pour les pousser dans ses bras, il agite un cri de ralliement, « Trop, c’est trop », qui se veut un instrument de reconquête du pouvoir qui ne dit pas son nom.

 Rien que des propos populistes

Conscient que la mayonnaise ne saurait prendre comme par magie, l’ancien chef de l’État n’a trouvé mieux que d’abîmer l’image d’Alassane Ouattara en peignant en noir sa gestion du pouvoir depuis qu’il est à la tête de l’État. « Depuis 15 ans, les populations vivent sous un pouvoir marqué par des dérives autocratiques, où les aspirations sociales et démocratiques sont souvent ignorées. Les conséquences sont palpables : pauvreté croissante, exclusion, montée des inégalités, frustration et désenchantement », dénonce-t-il, dès les premiers mots de sa lettre ouverte. C’est à croire que Laurent Gbagbo et nous, ne vivons pas dans le même pays. Il parle en effet de « pauvreté croissante », alors que quand il perdait le pouvoir en 2011, le taux de pauvreté était de 55,01%. En 2023, ce taux de pauvreté est passé à 35%. C’est donc faire preuve de mauvaise foi que de prétendre qu’il y a une « pauvreté croissante ». Par ailleurs, l’ancien chef de l’État dénonce une « montée des inégalités » sans en apporter la moindre preuve.

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Le faisant, il verse dans le populisme, consistant à se poser en défenseur du « peuple pur » pour espérer en tirer les faveurs. Dans le même passage, Laurent Gbagbo soutient que le « pouvoir (de Ouattara) est marqué par des dérives autocratiques ». Ce narratif dont se gargarisent les barons et partisans de l’ancien régime de la Refondation, ne résiste guère à l’analyse. Comment des gens dont le parti politique, le PPA-CI, fonctionne sans entraves, qui organisent des activités politiques en toute liberté, participent à des débats télévisés, prennent ouvertement position sur des sujets politiques brûlants ou des questions de société, peuvent-ils affirmer, sans rire, que le « pouvoir (de Ouattara) est marqué de dérives autocratiques » ? Au-delà du PPA-CI, tous les autres partis politiques tournent sans encombre, la presse n’est guère muselée, les citoyens s’expriment sans muselière. Alors, de quelles « dérives autocratiques » parle-t-on ? À l’évidence, il s’agit pour Gbagbo d’abîmer, à coups de mots dépréciatifs, la gouvernance Ouattara avec pour finalité de doper le moral de ses partisans en leur disant ce qu’ils veulent bien entendre.

Un mauvais élève qui veut donner des leçons

Et pourtant, c’est sous son régime qu’il a été donné de voir des actes caractéristiques de ce qu’il qualifie luimême de « dérives autocratiques ». N’est-ce pas sous son règne que des manifestations de l’opposition ont été réprimées dans le sang (mars 2004 notamment) ; que des journalistes ont été jetés en prison (du temps du procureur Tchimou Raymond) ; que des magistrats ont été passés à tabac par des étudiants de la FESCI ; que des jeunes patriotes ont incendié, en septembre 2002, les quartiers précaires squattés par des déclassés sociaux ? Et dire que c’est ce Laurent Gbagbo qui veut donner des leçons.

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C’est l’hôpital qui se fout de la charité ! S’il espère, par cette rhétorique populiste, instrumentaliser les populations déshéritées, et en faire un gourdin pour battre Ouattara, Gbagbo se goure lourdement. Comment croit-il pouvoir croiser le fer avec Ouattara qui l’a défait hier, alors que ce dernier était cloitré à l’hôtel du Golf et que lui régnait en maître sur le pays ? Que peut-il créer aujourd’hui qu’il est « nu », lui qui n’a rien pu faire hier contre son protagoniste au plus fort de la crise postélectorale, alors qu’il concentrait toutes les manettes de l’État entre ses mains ? Ses cris d’orfraie s’apparentent, à la vérité, au barrissement d’un vieux lion sans crocs, au crépuscule de ses années de gloire.

Assane NIADA

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