Politique

Tidjane Thiam avoue : « Je fais des erreurs tous les jours »

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Tidjane Thiam, le président du PDCI-RDA a avoué dans une interview accordée à Bloomberg avoir commis beaucoup d’erreurs. Il s’est également prononcé sur la présidentielle 2025, les raisons de son absence à Abidjan et surtout sur sa carrière professionnelle. 

Dans une interview accordée à son domicile parisien au site de Bloomberg et publiée le 05 septembre 2025, l’ex-patron du Crédit Suisse et président du PDCI-RDA a avoué avoir commis beaucoup d’erreurs. « Un million », dit-il lorsque la journaliste, animateur et auteur britannique Mishal Husain lui demande de savoir les erreurs qu’il aurait commises. « Beaucoup trop pour les citer toutes. Je fais des erreurs tous les jours », confie Tidjane Thiam arguant qu’il avait l’habitude de dire ce qui compte, ce sont vos résultats. Si vos résultats sont bons, aucune mauvaise presse ne pourra vous détruire. Et si vos résultats sont mauvais, aucune bonne presse ne pourra vous sauver ». Malheureusement, reconnait-il, « cela n'a pas fonctionné au Crédit Suisse. Je pensais que mes résultats étaient si bons que toutes ces insinuations ». 

Sur les raisons de son absence en Côte d’Ivoire depuis des mois, le président du PDCI-RDA dit craindre d’être arrêté. « Ah oui. On me l'a dit sans équivoque », répond-il à la question de l’interviewer de savoir s’il risque d’être arrêté s’il retourne en Côte d’Ivoire. Confirmant un probable risque d’arrestation s’il remettait les pieds en Côte d’Ivoire, la journaliste lui demande dans ce cas où se sent-il chez lui vu que son pays ne le traite pas bien. Et Thiam de répondre « Non, mon pays me traite très bien. La chaleur, les messages. C’est ma vraie récompense, la place que j’ai dans le cœur de mes compatriotes et l’amour qu’ils me témoignent. Je ne l’abandonnerais pour rien au monde ».

Selon Tidjane Thiam, « la Côte d’Ivoire et l’Afrique sont les seuls endroits au monde où l’on m’appelle le jeune Thiam. Parce que je suis jeune selon les critères politiques africains ». Poursuivant, déplorera-t-il qu’à ses 63 ans, on le qualifie toujours de jeune au point de lui demander pourquoi il est pressé de vouloir briguer un poste présidentiel à un tel âge. « Tu as le temps. Pourquoi es-tu si pressé ? Tu n’as que 63 ans. Si tu as 80 ans, tu pourrais être contrarié. C’est le seul endroit au monde où l’on me qualifie de jeune à 63 ans. Ce n’est pas bien », a-t-il fustigé.

Même si cette donne semble le gêner, il croit pouvoir comprendre les raisons d’une telle réalité en Afrique. « L'Afrique est un continent jeune, où l'âge moyen dans de nombreux pays est d'environ 20 ans. Mais l'âge moyen des dirigeants dépasse 60 ans. Le Camerounais Paul Biya, 92 ans, est le plus ancien chef d'État en exercice au monde. Teodoro Obiang Nguema Mbasago, 82 ans, président de Guinée équatoriale, est le plus ancien président du monde, ayant pris ses fonctions en 1979 », justifie-t-il.

Malgré le retrait de son nom de la liste électorale, Tidjane Thiam pense que rien n’est encore terminé pour lui. Il dit y croire jusqu’au bout parce qu’à l’en croire, tout ce qui a été fait l’a été de façon artificielle. « Non, elle n'est pas terminée », affirme-t-il lorsque la journaliste lui demande s’il a encore des options, ou qu’il a accepté que cette élection soit terminée pour lui. Pour Thiam, il faut continuer à maintenir la pression jusqu’à ce que la démocratie soit une réalité en Côte d’Ivoire. « Nous continuons à faire pression. Il y a eu une grande manifestation le 09 août 2025, nous pensons avoir mis un million de personnes dans les rues. Il y en aura une autre dans quelques semaines. Nous continuons donc à faire pression, car ce qui a été fait est clairement artificiel », déclare-t-il non sans se réjouir d’être allé devant le Comité des droits de l'homme des Nations-Unies. Il est par ailleurs convaincu que « nous avons besoin de démocratie », déplorant que « ce droit est bafoué partout en Afrique ». Il reste toutefois optimiste et positif car dira-t-il que « des gens de toute l'Afrique m'arrêtent à Paris et prennent des selfies. Toute l'Afrique suit cela, car c'est un moment crucial pour l'Afrique ».

Si Thiam déplore une chose en ce moment, c’est selon lui, de n’avoir pas le droit de se présenter à l’élection du président de la République. « Le point négatif, c'est que je n'ai pas le droit de me présenter », déplore-t-il non sans se réjouir des nouvelles évolutions de sa situation. « Mais, il y a eu une évolution extraordinaire. Nous avons enfin obtenu mon certificat de nationalité, indispensable pour me présenter », a-t-il relevé. 

Philip KLA