Politique

Législatives 2025 : L’opposition dans le piège de ses propres contradictions

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À peine la poussière de la présidentielle retombée, la Côte d’Ivoire s’avance vers un nouveau rendez-vous électoral : les législatives du 27 décembre 2025. La Commission électorale indépendante (CEI) a déjà déroulé le chronogramme : les dossiers de candidature seront reçus du 31 octobre au 12 novembre.

Simple formalité pour certains, casse-tête politique pour d’autres , notamment pour le fameux “front commun” de l’opposition. Après avoir crié à la fraude, dénoncé un soi-disant “4ᵉ mandat illégal”, appelé à la désobéissance civile et encouragé les manifestations violentes, voilà que l’opposition se retrouve face à un dilemme existentiel : participer ou non à des élections qu’elle juge “illégitimes”. Le grand écart politique, version PPA-CI–PDCI.

Au PDCI, l’heure est plutôt à la “réalpolitik”. Le parti de feu Bédié, désormais orphelin d’un véritable capitaine, envisage sérieusement de présenter des candidats. Une réunion décisive est d’ailleurs prévue ce mercredi 29 octobre au Plateau. Il semble qu'on y parlera “représentation”, “redéploiement”, et sans doute aussi “survie politique”.

Au PPA-CI, en revanche, c’est la guerre de tranchées. Les élus sortants veulent retourner à l’Assemblée, mais une frange du parti, composée de militants et de cadres puristes, hurle à la trahison. “Participer, c’est légitimer le 4ᵉ mandat !”, disent-ils. “Ne pas participer, c’est disparaître”, répondent les pragmatiques. Difficile équation pour un parti qui, depuis la présidentielle, ne sait plus très bien s’il veut exister dans le système ou le renverser depuis Facebook.

Ravaler ses propres slogans

Participer aux législatives reviendrait pour le front commun à ravaler tout ce qu’il a vomi ces dernières semaines : accepter le “4ᵉ mandat”, la CEI, la liste électorale “truffée d’anomalies”, et même ce processus électoral qu’il a juré de combattre. Ironie du sort, les mêmes qui criaient “boycott !” il y a quinze jours s’apprêtent désormais à faire la queue devant les bureaux de la CEI pour retirer les formulaires de candidature.

Mais après tout, l’opposition ivoirienne n’en est pas à une contradiction près. Elle a fait de l’incohérence un art politique, et du revirement une stratégie. On l’a vue boycotter pour ensuite négocier, refuser pour ensuite participer, condamner pour ensuite applaudir. Alors, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?

Le peuple, lui, observe amusé cette valse hésitation, pendant que la machine électorale avance. Le 27 décembre, les urnes seront ouvertes. Et pendant que le RHDP prépare déjà sa majorité, l’opposition, elle, en est encore à se demander si elle doit “y aller ou pas”.

Yacouba DOUMBIA