Stéphane Kipré, vice-président du parti et ex-gendre de Laurent Gbagbo, a décidé de jouer sa propre partition. Samedi 8 novembre 2025, à Kramoua, dans la sous-préfecture de Gboguhé, dans le Haut-Sassandra, il a officiellement annoncé sa candidature aux législatives du 27 décembre. À Kramoua, ce sont pas moins de 37 chefs de villages qui ont répondu à son appel. Depuis, il enchaîne les rencontres : Zeguedia, Brahouan, Guedeboua… une véritable tournée de conquête. Et à chaque étape, un même rituel : discours chaleureux, poignées de main et dons en cascade. De quoi laisser croire qu’il n’est plus question de “pré-campagne”, mais bien d’un début d’offensive électorale.
Problème : son zèle électoral se heurte frontalement à la ligne officielle de son parti. Le jeudi 6 novembre, le comité central du PPA-CI, sous la houlette de Laurent Gbagbo, a décidé de boycotter les législatives. Une posture politique que Kipré vient de dynamiter à la dynamite.
Le fils contre le père
En bravant ainsi la décision du “père fondateur”, Stéphane Kipré prend le risque de devenir le nouvel Ahoua Don Mello. On se souvient : ce dernier avait été sèchement écarté du parti pour avoir osé se présenter à la présidentielle contre l’avis du “Woody de Mama”. Visiblement, l’ancien gendre n’a pas peur du même sort. En coulisses, certains cadres du parti parlent d’“acte de trahison”, d’autres d’“électrochoc salutaire”. Quoi qu’il en soit, le vice-président vient de poser un acte politique majeur : celui de rompre, au grand jour, le cordon ombilical avec son mentor.
Laurent Gbagbo observe pour l’instant un silence pesant. Mais tout le monde s’attend à une riposte. Car dans un parti où la fidélité au chef tient lieu de ligne idéologique, l’audace de Stéphane Kipré résonne comme un sacrilège.
La question n’est donc plus “ira-t-il jusqu’au bout ?”, mais “jusqu’où Gbagbo le laissera-t-il aller ?” Une chose est sûre : le duel entre le père et le fils risque de laisser des traces… et peut-être des ruines au PPA-CI.
Yacouba Doumbia
