
L’organisation qu’elle dirige œuvre pour donner aux femmes les moyens de subvenir aux charges de leur ménage à travers des ressources régulières. Pour y parvenir, la coopérative s’appuie sur l’agriculture commerciale, en particulier la culture du riz, denrée la plus consommée en Côte d’Ivoire. Grâce à un prêt de l’Agence Emploi Jeunes, la coopérative achète directement la production des paysans, la transforme en riz blanchi et le commercialise, assurant ainsi une chaîne de valeur créatrice de revenus.
Mais l’action de Diabo Ville Émergente ne s’arrête pas aux champs. Elle s’étend à des programmes de renforcement de capacités : alphabétisation, associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC), apprentissage et gestion coopérative. Des initiatives qui demeurent freinées par le manque de financements. « L’école de la deuxième chance concerne aussi bien les femmes rurales déscolarisées que celles qui n’ont jamais été scolarisées. Si nous voulons les voir contribuer pleinement à l’essor de nos collectivités, il faut leur donner les moyens de se mettre à niveau », a insisté Rebecca Yao.
L’ONG encadre aujourd’hui 55 groupes AVEC, 13 classes d’alphabétisation, 33 coopératives de riz et 6 classes d’apprentissage, mais peine à trouver les ressources pour rémunérer les agents de vulgarisation, encadreurs et moniteurs.
Pourtant, les résultats sont parlants : de 7,8 millions FCFA d’ouvertures de caisse en 2023, la coopérative est passée à plus de 128 millions FCFA en 2025. Une évolution qui traduit l’impact direct de ces actions sur la vie des femmes. « Ce qui me motive, c’est de voir les femmes rurales se réapproprier leur destin, prendre des initiatives dans l’entrepreneuriat agricole et s’engager pour le développement durable de leur communauté », confie la présidente.
Au-delà du progrès économique, Diabo Ville Émergente mise aussi sur la paix et la cohésion sociale. « Il faut que les femmes deviennent des artisanes de paix. Elles connaissent leurs enfants, leurs villages, elles doivent prévenir et dénoncer tout ce qui peut fragiliser la stabilité », a-t-elle rappelé.
Pour Rebecca Yao, le temps presse. Elle en appelle aux collectivités locales, aux décideurs et aux mécènes pour inscrire une ligne budgétaire sensible au genre, capable de financer l’alphabétisation, la formation et l’accompagnement des femmes. Car, souligne-t-elle, l’autonomisation féminine n’est pas seulement une question sociale, mais un pilier du développement et de l’émergence nationale.
Bakayoko BEMA