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Reportage/ Perte de désir, panne sexuelle, infidélité: Comment guérir des coups de la vie de couple

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Perte de la libido, panne sexuelle, infidélité sont autant de soucis qui peuvent impacter l’union du couple ou une simple relation amoureuse. Comment se relever de ces coups de la vie de couple ou les prévenir ? Nous avons suivi une dizaine d’hommes et de femmes ayant pris part à une sorte de thérapie collective. Reportage.

Âgée de 41 ans et mère de deux enfants, Mary est une dame d’apparence joviale et de bon commerce. Elle sort, depuis peu, brisée d’une union dont elle semble encore porter les blessures. Elle fait partie de la dizaine d’hommes et de femmes venus participer, ce samedi 11 mai 2024, à une sorte de thérapie collective pour se guérir des blessures d’une vie à deux ou s’en prémunir.

Qui sont les participants ? 

« Quand une femme a été profondément blessée, même si on essaie d’en guérir en passant par des séances comme celle-là, elle va toujours voir ces images d’infidélité défiler dans sa tête. Et cela peut même la pousser à être à son tour infidèle », nous confie-t-elle au terme de cinq heures de catharsis collective. Et d’ajouter: « Honnêtement, au sortir d’une telle formation, il n’est pas évident pour un couple de se reconnecter tout de suite. Quand une femme a été blessée, il est difficile qu’elle revienne à l’état d’amoureuse transie qu’elle était au départ ». Des paroles qui trahissent les blessures que lui a laissées la vie de couple dont elle sort depuis peu.

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Aussi cherche-t-elle à comprendre ce qui n’a pas marché et trouver avec la sexothérapeute ivoirienne, Elvira Douala, les clés pour rebondir. Comme elle, Alain, la cinquantaine révolue, marié et père d’un enfant, vient, lui aussi, chercher des solutions pour rallumer le désir et, au-delà, la connexion perdue avec son épouse. « On a l’impression qu’on connaît notre partenaire, mais après une telle séance, on se rend compte qu’il y a encore du chemin à parcourir », admet-t-il en fin de séance. Un moment qui aura permis à Kademi, une Ivoirienne de la diaspora, rentrée au pays depuis quelque temps, de mettre le doigt sur les dysfonctionnements qui fragilisent son couple. « Je retiens que l’incompatibilité sexuelle ou le manque de connexion dans la sexualité du couple peut être source de disharmonie. Sans une sexualité satisfaisante, le couple ne peut pas fonctionner », soutient cette dame de 48 ans, mère de 4 enfants.

Tous ces participants à l’atelier sont soumis, par l’experte en thérapie de couple, à divers exercices visant à mettre le doigt sur les dysfonctionnements à l’origine du blues qu’ils vivent ou pourraient vivre au sein de leur couple. Réunis dans une salle au décor intimiste, ils sont d’abord amenés à découvrir les blessures remontant à l’enfance et qui expliquent certaines attitudes du quotidien pouvant impacter négativement les relations entre conjoints ou amoureux. À cet effet, ils sont invités à répondre à 65 questions, regroupées en 5 catégories, représentant les 5 blessures de l’enfance et l’attitude ou le masque correspondant à chacune de ces blessures, selon la théorie d’une sexothérapeute française du nom de Lise Bourbeau.

Interroger les blessures de l’enfance 

« Quand on est enfant, on a besoin de ce qu’on appelle la nourriture affective. C’est votre père, votre mère ou toute personne qui vous élève qui vous donne cette nourriture affective. Quand la nourriture affective est absente ou n’est pas adaptée, ça crée une blessure de l’enfance, laquelle survient généralement avant l’âge de 7 ans », explique la sexothérapeute aux participants. « Quand nous sommes blessés, l’égo se donne pour rôle de nous protéger. Il nous met des masques, c’est-à-dire des attitudes et comportements qui découlent du type de blessure que l’on a », ajoute-t-elle. Et de renchérir : « Quand on a la blessure du rejet, on a le masque du fuyant ; Quand on la blessure de l’abandon, on a le masque du dépendant ; Quand on a la blessure de l’humiliation, on a le masque du masochiste ; Quand on a la blessure de la trahison, on a le masque du contrôlant ; Quand on a la blessure de l’injustice, on a le masque du rigide ».

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À chacune des questions, est affectée une note allant de 0 à 10. Selon que la réalité décrite dans la question reflète ou pas assez ce qu’il est, ce qu’il aime ou aime faire, le participant met le nombre de point qu’il veut, en restant le plus sincère possible. La blessure de l’enfance qui le caractérise sera celle où il aura le nombre de points le plus élevé. À l’issue de l’exercice, plusieurs participants ont des profils différents : Mary totalise le plus grand nombre de points dans la catégorie blessure du rejet, correspondant au masque du fuyant ; Alain, lui, a le masque du rigide, correspondant à la blessure de l’injustice ; une autre participante a le masque du dépendant, correspondant à la blessure de l’abandon. Ce test montre que des conjoints ou partenaires peuvent avoir des profils différents.

« Les personnes dont l’enfance est marquée par la blessure du rejet sont des personnes qui fuient quand il y a une situation qui les met mal à l’aise. Elles ne se sentent pas le droit d’exister. Elles ont peur du rejet des autres et du rejet d’elles-mêmes. Elles peuvent passer de grandes phases d’amour à des phases de rejet total », explique la sexothérapeute. « Les personnes marquées par la blessure de l’abandon et donc ont tendance à être dépendantes, n’ont pas connu leur papa : soit il était absent, soit il avait tendance à les rejeter. Ces personnes ont besoin d’être maternées et validées. Ce sont des personnes qui aiment beaucoup le sexe parce qu’elles souffrent de dépendance affective et donc aiment se retrouver constamment en compagnie de leur partenaire, parce qu’elles ont peur de la solitude », renchérit-elle. Et la sexothérapeute de conclure qu’il est important de connaître le type de blessure de son partenaire pour mieux comprendre son attitude ou son comportement. « Retenez que nos problèmes de couple sont souvent la somme de nos blessures personnelles », insiste-t-elle.

Connaître le langage de l’amour de son ou sa partenaire 

Puis, Elvira Douala d’expliquer aux participants l’importance de bâtir son couple en prenant en compte les quatre niveaux de connexion que sont le spirituel, le mental, le physique, l’émotionnel (Voir encadré 1). « Quand il y a des problèmes de couple, c’est qu’il y a une des quatre dimensions qui fait défaut », fait-elle remarquer. Par ailleurs, pour que le couple vive en harmonie, elle attire l’attention des participants sur le langage de l’amour d’une part (voir encadré 2) et le langage de la sexualité d’autre part. Entre-temps, elle exhorte les uns et les autres à prendre un rafraichissement ou une collation. Certains ne se font pas prier pour prendre quelques gorgées d’alcool, pour mieux se lâcher.

Abordant le langage de l’amour, la sexothérapeute explique que bien des couples connaissent des difficultés parce que les conjoints n’ont pas la même façon de se sentir aimés. Certaines personnes préfèrent entendre des paroles valorisantes ; d’autres recevoir des cadeaux ; d’autres encore sont portées sur le toucher, les contacts physiques. « Dans des couples, certaines incompréhensions sont dues au fait que les partenaires n’ont pas la même façon de communiquer leur amour. Par exemple, l’homme peut dire : je lui offre tout le temps des cadeaux alors que sa conjointe ou sa partenaire, elle, attend plutôt des paroles valorisantes », souligne la sexologue.

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Une autre étape importante de l’atelier, c’est l’importance, pour un couple, de connaître le langage sexuel de l’un et l’autre des deux partenaires. À cet effet, les participants sont à nouveau soumis à un exercice à l’issue duquel ils découvrent leur langage sexuel, autrement dit, comment ils aimeraient qu’on leur fasse l’amour. Il leur est demandé de répondre à une série de questions, regroupées en 9 catégories : le temps qu’il faut mettre avant le premier rapport ; les préliminaires ; l’atmosphère ou ambiance ; les accessoires ; les positions préférées ; les mots qu’on aimerait entendre pendant les ébats ; comment on aimerait être touché ; la musique qu’on aimerait écouter pendant les ébats ; les scénarios qui nous font le plus vibrer.

Le langage de la sexualité, la clé pour rebondir 

Chaque catégorie comprend 5 questions auxquelles il faut répondre par des pompons de couleur rouge, jaune, violet, vert et blanc. La couleur la plus dominante va caractériser le langage sexuel de chaque participant. Ici encore, les langages sexuels sont disparates : Mary est de couleur violet ; Alain est jaune ; un autre est rouge ; une participante a pour couleur le blanc. Le rouge signifie le langage primal ; le jaune, le langage sensuel ; le violet, le langage transgressif ; le vert, le langage sacré ou énergétique ; le blanc, le langage méta more.

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Le primal (rouge) caractérise les personnes qui, en cas de rapports charnels, auront tendance à aller vite vers les parties charnues ; pas besoin de préliminaires. Elles aiment entendre les mots crus ; ne s’embarrassent pas d’accessoires ; préfèrent le rythme accéléré. Le langage sensuel (jaune) est celui des personnes sensibles ; qui aiment des baisers langoureux ; préfèrent les caresses sensuelles ; aiment entendre les mots doux ; aiment le rythme lent, avec une atmosphère faite de bougie, d’huile de massage. Avec le transgressif (violet), on est dans un langage de dominant-dominé. Le transgressif préfère les fessées, les pincements, l’attachement. Il est porté sur des ébats imprévisibles et très rythmés avec l’usage d’accessoires comme les cordes, les menottes, la cravache, les déguisements, les sextoys, les pinces.

Quant au langage sacré (vert), il caractérise des personnes qui ont besoin d’avoir plus de temps avant d’avoir des relations sexuelles. Extrêmement sensibles, elles ont besoin de connexion profonde pendant les ébats. Le langage méta more (blanc), lui, correspond aux personnes qui se retrouvent dans tous les langages. « Si ça ne fonctionne pas avec votre chéri, c’est peut-être parce que vous n’avez pas le même langage sexuel. Si lui est primal et que vous êtes sensuel, il y a un souci, car lui voudra juste pousser la table et vous prendre alors que vous, vous avez besoin de pétales de rose, de bougies et musique d’ambiance. Ça ne va pas coller », fait savoir la sexothérapeute. Ce qu’admet Mary. « Quand tu es transgressif, que tu te retrouves avec un transgressif et que tout baigne mais que vous finissez par rompre, et que par la suite tu tombes sur un sensuel ou quelqu’un qui est du langage énergétique, tu es franchement malheureuse. Tu es portée à le tromper », commente-t-elle, au terme de 5h d’échanges.

Assane Niada

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