
En rendant public un échange confidentiel avec un membre du gouvernement, Tidjane Thiam s’expose ainsi à des poursuites lourdes de conséquences, qui pourraient compromettre ses ambitions politiques.
La genèse de l’affaire
Les faits remontent à mai-juin 2022, dans le cadre de l’« affaire du passeport ». Tidjane Thiam sollicite alors du président Alassane Ouattara l’établissement d’un passeport ivoirien. Le chef de l’État l’oriente vers l’ambassade de Côte d’Ivoire en France. Dans le même temps, Thiam mandate un opérateur de saisie, Augustin Yao, pour obtenir un certificat de nationalité, document obligatoire pour la délivrance du passeport.
Le dossier présenté, composé d’un extrait de naissance et d’une copie incomplète du passeport diplomatique de sa mère, Mme Mariatou Sow, est jugé insuffisant. Le juge saisit alors le ministre de la Justice, qui tente d’obtenir des précisions auprès de l’aîné de Thiam, Aziz, sans résultat. Finalement, c’est sur instruction expresse du président Ouattara que le certificat est signé, à titre exceptionnel, permettant à la procédure d’aboutir.
Les contradictions qui dérangent
Problème : Tidjane Thiam disposait déjà, depuis le 8 juin 2020, d’un certificat de nationalité obtenu dans des conditions jamais éclaircies. Ce document lui avait permis de s’inscrire sur la liste électorale. Pourquoi ne pas l’avoir utilisé pour établir son passeport en 2022 ? Pourquoi en avoir dissimulé l’existence aux plus hautes autorités ? Ces incohérences interrogent sur la sincérité de sa démarche.
De bonnes sources estiment que ce certificat visait avant tout à préparer une candidature de Thiam à une éventuelle transition politique en 2020, si le Conseil National de Transition (CNT), soutenu par l’opposition, avait réussi à s’imposer.
Une erreur politique majeure
En rendant publique une conversation qui ne faisait que confirmer la volonté du président Ouattara d’accélérer sa procédure, Tidjane Thiam ne prouve rien… si ce n’est son incapacité à protéger la confidentialité des échanges institutionnels. Cette légèreté, doublée d’une possible infraction pénale, écorne son image et fragilise sa crédibilité auprès de l’opinion.