Politique

Crise post-électorale de 2010: Les auteurs des 3000 morts se trahissent

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Dans une vidéo devenue virale, l’ex-commandant du Groupement blindé du camp de gendarmerie d’Agban, Jean-Noël Abehi, a laissé sourdre son ressenti, se plaignant d’avoir été ‘’oublié’’ par l’ancien chef de l’État, Laurent Gbagbo, dont il avait soutenu la cause pendant la crise postélectorale de 2010. De quoi susciter quelques questionnements de bon sens.

Pour ceux qui en doutaient encore et qui continuaient à se demander, misérieux, mi-provocateurs, qui a remporté le scrutin présidentiel d’octobre 2010, le sens de la sortie de l’ex-commandant Jean-Noël Abehi a la clarté de l’évidence. Et pour cause. Auscultons d’abord la prise de parole de l’an[1]cien officier supérieur de la gendarmerie. Que dit-il dans cette vidéo qui ravive, peu ou prou, les douloureux souvenirs de la crise postélectorale de 2010 ? Pour l’essentiel, il se plaint de n’avoir pas reçu de visite de solidarité ou de compassion de la part du PPA-CI, après sa libération en octobre 2022.

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Et il désigne nommément celui qu’il a soutenu en ce temps-là. En l’occurrence, l’ancien président Laurent Gbagbo. Suivons-le. « J’ai été choqué par la réaction du président Gbagbo. Depuis ma sortie de prison, je n’ai reçu aucune visite du PPA-CI. Pas un appel, pas un mot, rien. Mais je n’en veux à personne. Seulement, qu’on ne vienne pas m’emmerder », s’agace-t-il. Avant de conclure après ses récriminations. « Je dis merci à ceux qui m’ont soutenu, de près ou de loin. Mais ceux du PPA-CI, ils n’ont qu’à rester dans leur coin. Et moi, je vais rester dans le mien. C’est mieux ainsi », tranche Jean-Noël Abehi. On sent l’homme meurtri. Profondément. Sincèrement.

 La devise de la maréchaussée, « Pro patria, pro lege »

On aurait compris, voire soutenu cet ancien officier supérieur dans ses ressentiments si, justement, il n’était pas censé être au service de la République au moment des faits. De fait, en sa qualité de gendarme, il n’avait pas à se plaindre de n’avoir pas reçu la visite de Laurent Gbagbo à qui rien de personnel ne devait le lier. N’a-t-il pas fait le serment de « servir la patrie et la loi », ce que traduit bien la devise de la maréchaussée, « pro patria, pro lege ».

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Dès lors, que peut-il reprocher à l’ancien chef de l’État ? Puisqu’il n’aurait fait que son devoir en défendant son régime. Il n’aurait eu qu’une seule récompense, « le sentiment du devoir accompli », et c’était suffisant. Y a-t il plus beau « laurier » pour un soldat, un gendarme, un policier, bref, « toute personne en tenue » qui a vocation à défendre la République et ceux qui en incarnent les institutions ?

De quoi parle donc Abehi ?

Alors, de quoi parle donc Jean-Noël Abehi ? Quelle solidarité ou compassion particulière voulait-il que lui témoigne Laurent Gbagbo ? De plus, ce dernier n’est plus en fonction et ne peut donc pas être visé par une telle plainte. Mais, justement, l’ancien commandant sait qu’il défendait bien une cause et non une institution. Il défendait la cause de Laurent Gbagbo qui avait perdu les élections et qui entendait ne pas céder le fauteuil présidentiel. Et Jean-Noël Abehi, qui n’est pas un enfant, savait bien dans quoi il s’était mis. C’est pourquoi, des années et quelques péripéties plus tard, il peut se permettre de demander des comptes à celui dont il a soutenu la cause au prix de son honneur et de sa vie. Visiblement, il semble nourrir des regrets.

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Aurait-il donc fait tout ça pour ça ? Pourra-t-il pardonner à Gbagbo de ne lui avoir pas été reconnaissant après tous les risques qu’il a pris pour soutenir sa cause ? Seul le temps tranchera. Cependant, pour l’instant, il ne demande qu’une chose, que « le PPA-CI reste dans son coin, et lui, il va rester dans son coin », comme il le dit clairement dans la vidéo incriminée. Ce n’est pas le cri d’un gendarme qui aurait été loyal à la République, mais le dépit d’un homme dont les efforts ont été passés par pertes et profits par le camp qu’il défendait. En clair, il donne raison, mezza voce, au président élu, Alassane Ouattara. Une victoire que contestait Laurent Gbagbo. Mais, personne n’est dupe. La sortie de l’ancien commandant constitue un cinglant dés[1]aveu pour lui et son clan. Mais aussi un camouflet !

Ambroise Tiétié

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