Société

En pleines fin d’année : Plusieurs familles de Marcory menacées de perdre leur maison

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À l’approche des fêtes de fin d’année, plusieurs familles résidant à Marcory zone 4 vivent dans la peur et l’incertitude.

 En cause, une décision rendue le 13 juillet 2023 par le tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, autorisant le conservateur de la propriété foncière et des hypothèques de Marcory à procéder à la mutation des lots 500 L–500 R et 500 I, îlot 62, objet du titre foncier n°17.324, au nom des ayants droit de feu Sidibé Moussa.

En français facile, ces familles qui résident dans ce secteur, dans ces bâtiments depuis plus de 40 ans et qui en sont même devenues propriétaires, risquent d'être mises à la rue.

 Une décision qui suscite incompréhension, colère et inquiétude chez les familles occupant ces lieux depuis plusieurs décennies et qui craignent aujourd’hui de se retrouver à la rue, après avoir, selon elles, honoré tous leurs engagements contractuels.

Réunis le vendredi 28 novembre dernier lors d’une rencontre en présence des familles concernées, des ayants droit d’autres acquéreurs, du pasteur Wilfried Zahui et de plusieurs témoins de l’époque, Nanou Koffi Ta, ex-matricule 356 et l’un des derniers survivants des employés de la société SODACP-MRP, a tenu à rappeler l’historique de cette affaire foncière devenue explosive.

Selon lui, en 1977, leur ancienne patronne, Afro Elisabeth Tanoh Gueneguez, à travers la société SCI Lotissement Tanoh, avait fait construire sur les lots concernés trois immeubles de six appartements chacun, destinés à un système de location-vente au profit des 18 employés de l’entreprise.

 Chaque bénéficiaire devait verser mensuellement la somme de 12 000 francs CFA au titre du loyer et 22 000 francs CFA pour l’acquisition progressive du bien, sur une durée contractuelle de 20 ans. Sidibé Moussa occupait alors l’appartement situé au deuxième étage à droite du lot 500 L. « Lorsque la société SODACP-MRP a fait faillite, nous étions 11 employés à avoir continué à payer de nos propres moyens afin de solder totalement la location-vente », a expliqué Nanou Koffi Ta, la voix chargée d’émotion.

Pour lui, les appartements ayant été bâtis sur les mêmes parcelles et suivant les mêmes modalités contractuelles, tous ceux qui ont honoré l’intégralité de leurs engagements devraient être reconnus comme copropriétaires.

Il s’étonne donc de la décision judiciaire accordant la mutation des parcelles aux ayants droit de Sidibé Moussa, d’autant plus que ce dernier, selon ses dires, avait été expulsé des lieux en 1998 pour insolvabilité. C'est-à-dire 27 ans après l'expulsion de cette famille, les enfants de M Sidibé, estiment aujourd'hui être les "vrais propriétaires" de tous ces lotissements. 

« Nous avons tenté à plusieurs reprises d’entrer en discussion avec les ayants droit de Sidibé Moussa, mais toutes nos démarches sont restées sans suite », a-t-il regretté. Face à ce qu’ils considèrent comme une injustice, les familles concernées ont décidé de saisir à nouveau la justice afin d’obtenir un réexamen du dossier. Une première audience était prévue le vendredi 28 novembre 2025, mais les enfants Sidibé ne s’y seraient pas présentés, selon les plaignants.

Au-delà du contentieux juridique, la situation fait planer une menace sociale grave. Ces familles, pour la plupart modestes, ont investi pendant des décennies dans ces logements, souvent au prix de privations importantes. Une expulsion aujourd’hui signifierait la perte de leur unique toit, en pleine période de fin d’année, avec toutes les conséquences humaines que cela implique. C'est-à-dire la précarité, déscolarisation des enfants, éclatement des foyers et instabilité sociale.

Présent à la rencontre, le pasteur Wilfried Zahui a tenu à adopter une posture d’écoute et d’apaisement. « Je suis venu vous écouter afin de comprendre ce qui se passe réellement », a-t-il déclaré, avant d’appeler les autorités judiciaires à approfondir les enquêtes afin que toute la lumière soit faite sur ce dossier sensible.

Joint par téléphone, les enfants de feu Sidibé Moussa ont, pour leur part, indiqué s’en remettre entièrement à la justice. Pour eux, l'affaire est entre les mains de la justice. Donc, ils ne feront aucun commentaire. Idem pour la famille Gueneguez qui n'a pas souhaité s'exprimer sur cette question. 

En attendant, l’angoisse demeure à Marcory zone 4, où plusieurs familles vivent désormais dans la crainte de voir s’effondrer, en quelques décisions administratives, des décennies de sacrifices et de stabilité.